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Une alimentation de type méditerranéen concentre tous les atouts nutritionnels pour vous adapter aux recommandations diététiques en cas de diabète et insuffisance rénale.

La maladie rénale chronique (MRC) est une complication fréquente du diabète. En effet, 20 % des insuffisances rénales chroniques en France sont liées au diabète et plus de 40 % des nouveaux patients souffrant de MRC sont diabétiques1

Avant l’apparition d’une maladie rénale chronique, les experts recommandent la réduction de sucres rapides et de graisses saturées au profit d’une alimentation riche en végétaux, suffisante, sans excès en glucides issus de céréales complètes et riche en graisses de qualité,sans excès en huiles végétales2.

Afin de freiner la progression de la maladie rénale chronique, un contrôle des apports en protéines et sel est nécessaire s’ils sont excédentaires. (supérieurs à 6 g par jour )3.4

Si cela donne l’impression de rajouter des contraintes, frustrations ou restrictions, finalement une alimentation de type méditerranéen s’adapte très bien aux deux situations, à savoir maladie rénale chronique et diabète.

Régime méditerranéen : une base importante de végétaux au quotidien 

Céréales complètes, légumineuses, légumes verts

Les céréales complètes, les légumineuses et légumes verts sont riches en fibres6. Ainsi, leur consommation assure un apport de sucres à assimilation lente contrairement aux céréales dites raffinées (pain blanc, pâtes et riz blanc, farine blanche), limitant ainsi les élévations trop importantes de sucre dans le sang après un repas. On parle de charge et index glycémique bas ou moyen7. Cette richesse en fibres garantit également un rassasiement plus important et rapide et une diminution des apports énergétiques. Ils sont ainsi recommandés dans le cadre d’un projet de perte de masse grasse  8.

Par ailleurs, les céréales et légumes verts sont pauvres en protéines, exceptés pour les légumineuses comme les lentilles, haricots blancs ou rouges, pois cassés, pois chiches, qui sont considérées comme des « équivalents » à la viande, la volaille, aux poissons et aux œufs. Une part importante dans l’assiette de légumes et céréales par rapport à la viande ou des assiettes végétariennes diminuent ainsi l’apport global de protéines et la production d’urée que le rein, éprouvé par la maladie rénale chronique, doit éliminer.

Ainsi, chez les personnes atteintes de maladie rénale chronique ayant une forte consommation de fibres,  on observe un meilleur transit, un microbiote de meilleure qualité, une inflammation et une production d’urée diminuées9.

Des fruits frais entiers de préférence

Les fruits contiennent des sucres de composition chimique « simple ». Pour autant cela ne signifie pas qu’ils sont des sucres « rapides » 10. Certains d’entre eux présentent un index et une charge glycémique moyens grâce à leur richesse en fibres. Pauvres en protéines et en sel, ils sont intéressants en fin de repas à la place de desserts lactés sucrés et pâtisseries du commerce riches en sucres ajoutés et graisses saturées. Consommés entiers et frais, ils préservent leur richesse en fibres, vitamines et minéraux, contrairement aux jus ou compotes.

Par exemple, les pommes, poires, orange consommés entiers font moins monter le sucre dans le sang par rapport à leur version « compote » ou « jus ».

Les graines ou fruits oléagineux comme les amandes, noix ou noisettes contiennent des sucres, des protéines (en faible quantité) et des graisses végétales. Leur richesse en fibres et l’absence de sucres ajoutés, sel ou autres additifs en font une collation idéale à la place de biscuits ou de gâteaux du commerce. Depuis 2020 et le nouveau Plan National Nutrition Santé (PNNS 4), les graines ou fruits oléagineux font leur apparition dans les nouveaux repères de consommation alimentaire pour leur densité nutritionnelle importante11.

 à savoir : Une étude d’observation de grande envergure en 2019 (plus de 600 000 personnes) a montré qu’une consommation régulière de graines oléagineuses et de céréales complètes était associée à un moindre risque de développer une insuffisance rénale chronique12. Nous retrouvons le même intérêt dans l’amélioration de la résistance des cellules à l’insuline chez les patients diabétiques13.

Viande, volaille, poisson, œufs et produits de la mer

Ces produits ont un point commun : ils affichent un taux de protéines important. Leur taux de graisses fluctue de manière importante selon le morceau, la viande ou le poisson consommés14.

Les graisses des viandes (bœuf, porc, agneau)  apparaissent moins intéressantes pour leur apport de graisses dites saturées que l’organisme sait fabriquer. Elles ont d’ailleurs été pointées du doigt dans le cadre de la prévention des accidents cardio-vasculaires15.

A l’inverse, les graisses des petits poissons gras (sardines, maquereaux, harengs) sont valorisées pour leur structure chimique (elles sont dites « insaturées ») et représentent notamment les fameux Oméga 3 au profil « anti-inflammatoire », protecteur au niveau cardio-vasculaire et recherchés par les patients atteints de diabète16,17.

Par ailleurs, d’un point de vue rénal, cet apport important de protéines génère une production d’urée importante que le rein doit filtrer puis éliminer. Ainsi, ces aliments protéinés sont à consommer modérément au quotidien (1 seule petite portion par jour suffit) dans ce modèle méditerranéen, sans risque de carence musculaire.

à savoir : L’objectif à atteindre : 0,8 à 0,6 g de protéines par kg de poids corporel chaque jour chez le patient diabétique et atteint de maladie rénale chronique4.

Les produits laitiers, proches du groupe des « viandes ou équivalents »

Dans le modèle méditerranéen il est recommandé d’en consommer de façon modérée, soit environ 2 portions par jour. Les laitages et fromages sont au aussi des sources de protéines. Seuls les fromages consommés plus d’une fois par jour apportent des graisses saturées. Leur richesse en calcium est appréciée cependant.

Les huiles végétales

Les huiles sont souvent réduites par les personnes souhaitant perdre du poids et de la masse grasse. Pour autant, ce sont bien les seules graisses (au contraire des graisses cachées des aliments) à ne pas diminuer.

Voici quelques explications : les huiles végétales sont les meilleures sources de graisses insaturées, d’oméga 3, 6 ou 9 dont l’organisme, peu apte à les produire, a besoin quotidiennement. Si les oméga 3 présents dans les poissons gras ont montré leur intérêt, les oméga 9 très présents dans l’huile d’olive constituent le principal atout du régime méditerranéen et représentent une protection cardiovasculaire désormais bien connue18.

Ainsi le PNNS13 valorise la consommation d’huiles de colza et noix pour assaisonner des crudités (riches en oméga 3, lesquels ne supportent pas la température) et l’huile d’olive pour la cuisson.

à savoir : « les graisses cachées » sont les graisses constitutionnelles des aliments : on en trouve dans la viande, le fromage, la charcuterie, les biscuits et gâteaux par exemple.

En conclusion, le modèle méditerranéen qui encourage la consommation plus importante de légumes, fruits, huile d’olive, graines et céréales complètes et poisson, au détriment des viandes, aliments transformés, riches en sel ou graisses saturées, coche tous les objectifs nutritionnels attendus à la fois dans le diabète et la maladie rénale chronique. De nombreuses recettes et menus sont disponibles autour de cette façon « healthy » de manger auprès des diététiciennes et sites spécialisés.

 

Stanislas TROLONGE
Diététicien-Nutritionniste

Bibliographie

  1. https://www.agence-biomedecine.fr/IMG/pdf/rapport_rein_2019_2021-10-14.pdf
  2. https://www.sfdiabete.org/sites/www.sfdiabete.org/files/files/ressources/recos_sfc_alfediam.pdf
  3. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2021-09/guide__mrc.pdf (page 23)
  4. https://www.ajkd.org/action/showPdf?pii=S0272-6386%2820%2930726-5 (page S21)
  5. Elhayany A, Lustman A, Abel R, et al.  Diabetes Obes Metab 2010 ; 12 : 204-209.
  6. https://www.aprifel.com/fr/article-dossier/fibres/
  7. https://www.sfdiabete.org/sites/www.sfdiabete.org/files/files/ressources/rapport_gtg_glucides_sfd.pdf
  8. https://presse.inserm.fr/comment-les-fibres-nous-protegent-du-diabete-et-de-lobesite/10631/
  9. Guobin Su. Fiber intake and health in people with chronic kidney disease Clinical Kidney Journal, 2022
  10. Du H, Li L, Bennett D, Guo Y, Turnbull I,Yang L, et al. (2017) Fresh fruit consumption in relation to incident diabetes and diabetic vascular complications: A 7-y prospective study of 0.5 million Chinese adults. PLoS Med 14(4):e1002279. https://doi.org/10.1371/journal.pmed.1002279.
  11. https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/pnns4_2019-2023.pdf
  12. Katrina E Bach. Healthy Dietary Patterns and Incidence of CKD: A Meta-Analysis of Cohort Studies. Clin J Am Soc Nephrol . 2019 Oct 7;14(10):1441-1449.
  13. Ley SH, Hamdy O, Mohan V, Hu FB. Prevention and management of type 2 diabetes: dietary components and nutritional strategies. Lancet. 2014 Jun 7;383(9933):1999-2007. doi: 10.1016/S0140-6736(14)60613-9. PMID: 24910231; PMCID: PMC4751088.
  14. https://ciqual.anses.fr/#
  15. Hooper L, Martin N, Jimoh OF, Kirk C, Foster E, Abdelhamid AS. Reduction in saturated fat intake for cardiovascular disease. Cochrane Database of Systematic Reviews 2020, Issue 8. Art. No.: CD011737. DOI: 10.1002/14651858.CD011737.pub3.
  16. Delarue J : N-3 long chain polyunsaturated fatty acids: a nutritional tool to prevent insulin resistance associated to type 2 diabetes and obesity? Reprod Nutr Dev. 2004;44(3):289-99.
  17. Agency for Healthcare Research and Quality, 2004.: Health Effects of Omega-3 Fatty Acids on Lipids and Glycemic Control in Type II Diabetes and the Metabolic Syndrome and on Inflammatory Bowel Disease, Rheumatoid Arthritis, Renal Disease, Systemic Lupus Erythematosus and Osteoporosis. Evid Rep Technol Assess (Summ). 2004, (89):1-4.
  18. Eur J Nutr. 2019 Feb;58(1):173-191. doi: 10.1007/s00394-017-1582-0. Epub 2017 Nov 25