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Nommé couramment flore intestinale, le microbiote de notre intestin a des fonctions essentielles dans la régulation du métabolisme pour rester en bonne santé. Mais le microbiote peut aussi être déséquilibré, notamment chez les patients en insuffisance rénale chronique. Une alimentation riche en protéines et en fibres est utile pour prévenir ou ralentir la maladie. Entretien avec le Dr Laetitia Koppe, néphrologue à l’hôpital Lyon Sud – HCL.

Comment peut-on définir le microbiote ?
Dr Laetitia Koppe : Le microbiote désigne l’ensemble des micro-organismes dans le corps humain. Il existe plusieurs types de microbiotes (intestinal, cutané, vaginal…). Le microbiote intestinal, que l’on nomme aussi flore intestinale, est un ensemble de bactéries micro-organiques vivant dans le tube digestif. Il pèse environ 2 kg et peut être considéré comme un organe à part entière. Ses fonctions sont diverses : elles participent à la digestion, renforcent le système immunitaire et synthétisent les vitamines. 

Quel est le fonctionnement du microbiote intestinal ? 
Dr Laetitia Koppe : Précisons d’abord que nous sommes qu’au début de sa découverte. On commence à connaître le fonctionnement du microbiote intestinal depuis seulement dix ans. Chaque personne possède un microbiote qui lui est propre. Celui-ci intervient dans le  métabolisme à travers les aliments, notamment les fibres alimentaires. Ses micro-organismes jouent un rôle dans la digestion : ils agissent dans la fermentation des aliments et régulent l’absorption des acides gras. Le microbiote intestinal a également pour fonction d’améliorer le métabolisme afin de prévenir les maladies et rester en bonne santé.

Dans quelles mesures ce microbiote joue un rôle sur la santé de l’organisme  ?
Dr Laetitia Koppe : Le microbiote intestinal protège l’organisme contre les infections liées aux mauvaises bactéries. Mais le microbiote peut aussi être perturbé en cas de variation des micro-organismes. Ce déséquilibre, appelé dysbiose, risque d’entraîner une plus grande vulnérabilité aux infections et pathologies. Le microbiote intestinal est par conséquent facteur de différentes maladies chroniques comme le diabète, l’obésité, l’hypertension ou l’insuffisance rénale. 

Quels sont les liens entre le microbiote intestinal et l’insuffisance rénale chronique ? 
Dr Laetitia Koppe : Les patients souffrant de maladie rénale chronique ont une composition déséquilibrée et modifiée de leur microbiote intestinal. En cas d’insuffisance rénale, les déchets alimentaires ne sont plus éliminés par le rein. Par conséquent, ils s’accumulent dans l’organisme contenant beaucoup de mauvaises bactéries qui fermentent les protéines. L’insuffisance rénale donne alors lieu à une surproduction de toxines urémiques dans le sang comme l’urée. En définitive, il est difficile d’établir le lien entre le microbiote intestinal et la maladie rénale chronique. Il s’agit de savoir si la dysbiose favorise l’insuffisance rénale ou si c’est la maladie des reins qui perturbe la flore intestinale. Voilà un peu l’histoire de l’oeuf et de la poule !

Avez-vous des conseils à donner dans le domaine de l’alimentation ? 
Dr Laetitia Koppe : Prévenir ou ralentir l’insuffisance rénale passe par une alimentation équilibrée en protéines et en fibres. Pour améliorer le microbiote intestinal avec le développement de bonnes bactéries, je recommande de manger végétarien avec des aliments riches en fibres. Les produits de la cuisine méditerranéenne, les fruits, les légumes, et une alimentation pauvre en viandes rouges sont aussi à conseiller. N’oublions pas la consommation de yaourts, bifidus en particulier, et de fromages. En complément alimentaire, il existe des probiotiques sous formes de gélules ou de sachets. Ces micro-organismes vivant regroupent des bactéries lactiques et des levures.  

Comment progresse la recherche sur le rôle du microbiote et quelles sont les pistes d’avenir ? 
Dr Laetitia Koppe : La connaissance du microbiote est récente. La recherche vise à une meilleure compréhension et identification de ce nouvel organe. Il existe plusieurs pistes de recherche sur l’action du microbiote : l’alimentation, les probiotiques et la transplantation fécale. Par exemple, une étude est en cours auprès de 250 patients insuffisants rénaux en vue de mieux comprendre le microbiote intestinal et l’adaptation à l’alimentation. Les résultats seront publiés l’année prochaine. D’autres recherches portent sur le rôle des probiotiques dans l’apport nutritionnel. Enfin, pour lutter contre certaines infections intestinales chroniques, la transplantation fécale constitue une stratégie thérapeutique. Ce traitement expérimental consiste à implanter dans l’intestin d’un patient des bactéries fécales d’un donneur afin de lutter contre certaines infections intestinales chroniques.